Les prix des denrées alimentaires approchent de niveaux records, sans perspective d’amélioration prochaine
L’invasion de l’Ukraine par la Russie menace la sécurité alimentaire mondiale à l’heure où les exportations de céréales chutent, où les pays ont recours au protectionnisme alimentaire par peur de futures pénuries, et où les sanctions contre la Russie et le Belarus relèvent les prix d’un ingrédient essentiel aux engrais à des niveaux similaires à ceux de la crise alimentaire de 2008.
Déjà en hausse depuis le milieu de 2020 du fait de la crise de la COVID-19, les prix mondiaux des denrées alimentaires restent tout proche de niveaux records alors que l’attaque de l’Ukraine par la Russie continue d’entraver les exportations de céréales telles que le blé et l’orge. Par ailleurs, les pays accumulent certaines denrées pour se protéger des pénuries, limitant encore plus les stocks sur le marché international. Les prix des denrées alimentaires devraient continuer de grimper jusqu’à 2023.
Si l’indice FAO des prix des produits alimentaires a baissé de 0,8 % en avril par rapport à mars suite à la baisse des prix de produits majeurs tels que les huiles végétales et les céréales, il est resté proche de son niveau record du mois précédent, car le prix de la viande a atteint son niveau le plus élevé et les prix des produits laitiers et du sucre ont augmenté. L’indice avait bondi de 12,6 % en mars, soit le rythme le plus rapide jamais enregistré, dans le sillage immédiat de l’invasion russe. La Banque mondiale estime que les prix du blé pourraient grimper de plus de 40 % cette année avant de baisser en 2023. Cela dépendra toutefois de la hausse de l’approvisionnement en provenance d’Argentine, du Brésil et des États-Unis, ce qui est loin d’être garanti.
Les préoccupations liées à la sécurité alimentaire en pleine invasion russe de l’Ukraine, l’un des principaux exportateurs de céréales et d’huile végétale, ont mené 23 pays à relancer le protectionnisme alimentaire pour se protéger de futures pénuries, d’après l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. Cela limite davantage les stocks sur les marchés mondiaux et accroît les prix.
Par exemple, l’Indonésie a interdit la plupart des exportations d’huile de palme fin avril pour garantir l’approvisionnement national en huile de cuisson, interrompant ainsi l’approvisionnement en provenance du premier producteur mondial de l’huile végétale la plus commercialisée dans le monde. De même, l’Inde envisagerait d’imposer des restrictions sur les exportations de blé pour protéger ses stocks nationaux après la canicule de mars et avril, qui a suscité des préoccupations quant aux stocks du pays.
La Russie et l’Ukraine représentent près d’un tiers du blé et de l’orge mondiaux, et deux tiers des exportations mondiales d’huile de tournesol utilisée pour la cuisson. L’Ukraine est également le quatrième exportateur mondial de maïs. La guerre a endommagé les ports et les infrastructures agricoles, ce qui affectera probablement pendant plusieurs années la production agricole du pays.
Début mai, Antonio Guterres, le Secrétaire-général des Nations Unies, a indiqué que la question de la sécurité alimentaire mondiale ne pourrait être réglée sans rétablir la production agricole de l’Ukraine et la production russe de denrées alimentaires et d’engrais sur les marchés mondiaux. Les sanctions imposées à la Russie et au Bélarus, les deuxième et troisième producteurs mondiaux de potasse, ont relevé le prix de cet ingrédient essentiel aux engrais à des niveaux similaires à ceux de la crise alimentaire de 2008. La Russie est également l’un des principaux fournisseurs d’autres nutriments agricoles, tels que l’azote, le phosphate, l’urée et l’ammoniaque. L’explosion des prix des engrais pourrait décourager les agriculteurs d’appliquer la quantité nécessaire de nutriments à leurs champs, réduisant ainsi les rendements et la production, et prolongeant la crise.
Par ailleurs, des problèmes météorologiques ont affecté d’autres cultures de base dans de nombreuses régions du monde. Le Brésil, premier exportateur mondial de soja, a connu une sécheresse extrême en 2021 et la récolte chinoise de blé de cette année est l’une des plus mauvaise jamais enregistrée.
Le Réseau mondial contre les crises alimentaires, mis en place par les Nations Unies et l’Union européenne, a indiqué dans son rapport annuel que l’invasion de l’Ukraine par la Russie posait un risque majeur pour la sécurité alimentaire mondiale, notamment dans 53 pays et territoires déjà en proie à une crise alimentaire, tels que l’Afghanistan, le Burkina Faso, l’Éthiopie, Haïti, la Somalie, le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen.
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